« Il faut les sortir de là immédiatement »

Interview d’Anne Laure Paris sur FR3 Pays de Loire le 25/06/2025

https://france3-regions.franceinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/nantes/il-faut-les-sortir-de-la-immediatement-demande-la-fille-de-jacques-paris-detenu-en-iran-depuis-plus-de-3-ans-avec-sa-compagne-cecile-kohler-3176520.html

Des frappes israéliennes ont touché lundi 23 juin la prison d’Evin, à Téhéran, où sont détenus depuis trois ans deux otages français : le Nantais Jacques Paris et sa compagne Cécile Kohler. Anne-Laure, la fille du septuagénaire, réclame sa libération immédiate.

Cela fait un peu plus de trois ans que Jacques Paris et sa compagne Cécile Kohler sont retenus prisonniers en Iran, « 1142 jours », exactement comme le précise Anne-Laure, la fille de l’otage nantais.

1142 jours que les deux Français sont détenus dans la prison d’Evin, à Téhéran, dont les bâtiments ont été touchés ce lundi 23 juin par des frappes israéliennes.

« On est terrorisés par ce que la guerre engendre, témoigne Anne-Laure. Pour nous, ces frappes sont complètement irresponsables, illégales, puisqu’elles visent des bâtiments civils, mettent en danger la vie de milliers de détenus, parmi lesquels comptent mon père, Jacques, et Cécile. Et ils sont en danger, puisqu’un, ils sont sous des bombardements, et deux, ce que nous craignons, c’est le chaos que ça peut engendrer, les émeutes et les représailles violentes qui peuvent arriver dans la prison ».

C’est le scénario du pire qui continue à se dérouler, puisque, en fait, depuis le 13 juin, date à laquelle Israël a bombardé l’Iran, on est entrés dans la terreur de la guerre

« On se sent impuissant, nous, la famille, et on compte sur l’action de nos autorités, du président de la République, des autorités françaises, pour pouvoir vraiment peser de tout son poids au niveau de la diplomatie avec ses interlocuteurs, les autorités iraniennes, et également toutes les parties prenantes, tous ceux qui peuvent agir dans le sens de la libération immédiate de mon père Jacques et Cécile », poursuit celle qui a le mince espoir que le cessez-de-feu de 24 heures « qui est plus qu’aléatoire, on l’a vu ce matin » permette enfin la libération de son père et de sa compagne.

« L’arrêt de ces frappes pourrait permettre aux autorités françaises à Téhéran d’avoir un accès consulaire dans les prochaines heures, on espère, pour avoir un signe de vie ».

Plus aucun signe de vie depuis fin mai

Car Anne-Laure n’a plus aucun contact avec son père « depuis le 28 mai dernier, la date du dernier appel, le 30 mai, il y a eu une visite consulaire très courte,10 minutes, et depuis cette date-là, on n’a pas de signe de vie ».

« On a bien sûr le centre de crise du Quai d’Orsay, qui nous a relayé l’information, comme quoi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a été en contact avec les autorités iraniennes hier (lundi), les autorités qui lui ont assuré que Jacques et Cécile, mon père et Cécile, n’ont pas été touchés, mais ni nous, les familles, ni eux, les autorités françaises, n’ont la possibilité d’avoir accès à eux, donc ils demandent une visite consulaire dès que possible, pour s’assurer de leur état ».

En plus d’être désormais une cible potentielle de ces frappes, Jacques Paris et Cécile Kohler vivent depuis « 1142 jours aujourd’hui (…) complètement isolés du monde extérieur. Ils n’ont pas accès à leur ambassade, ils n’ont pas accès aux avocats que nous avons mandatés, ils vivent dans des cellules de 9m², ils dorment à même le sol sur des couvertures, ils n’ont pas de meuble, ils vivent avec la lumière artificielle allumée en permanence, sous surveillance vidéo 24 h sur 24, ils ne peuvent pas sortir, enfin, plus de deux ou trois fois maximum par semaine, 30 minutes dans une cour, ils n’ont pas accès à des livres, ils ne peuvent pas écrire, ils ne peuvent pas appeler librement leur famille, donc, voilà, les conditions qui relèvent notamment la torture ».

« C’est important qu’ils sachent qu’ils ne sont pas oubliés »

Lors des rares appels qu’Anne-Laure peut avoir avec son père et Cécile Kohler, Anne-Laure leur fait part de la mobilisation citoyenne qui se poursuit « pour continuer à leur donner de la force pour tenir, et ils le disent eux-mêmes que c’est grâce à ça qu’ils ne deviennent pas complètement fous ».

« La dernière fois que j’ai eu mon père en ligne, il me disait, « écoute, je suis lessivé, tu comprends ce que ça veut dire ? » Et il m’a dit, « ça fait plus de trois ans qu’on est maintenus en cage, littéralement, et que si on ne devient pas fous, c’est qu’on ne le fait pas exprès ». Donc voilà, tout ce qu’on peut, c’est leur faire remonter ces messages de soutien, qu’ils ne sont pas seuls, parce que pour un otage, parce que rappelons-le, ils sont otages d’État, pour la survie d’un otage, c’est important qu’ils sachent qu’ils ne sont pas oubliés ».

Pour Anne-Laure, la libération de Jacques Paris et Cécile Kohler est une « urgence vitale ». Ce cessez-le-feu, même précaire, pourrait selon elle « permettre une fenêtre pour des discussions diplomatiques, et qu’enfin, ça aboutisse concrètement à la libération immédiate, parce que quand on parle de discussion, il faut que ce soit dans les heures qui viennent, en fait, qu’ils puissent être libérés ».

« Notre message, c’est de dire, d’ailleurs, on le dit en farsi, on le dit en français, on le dit aussi dans toutes les langues, à ceux qui peuvent nous écouter et qui ont le pouvoir d’agir, il faut les sortir de là immédiatement ».