Arrêtés le 7 mai 2022 en Iran, Jacques Paris et sa compagne Cécile Kohler sont toujours détenus dans une prison d’Evin, à Téhéran. La fille et la sœur du Nantais témoignent des conditions de survie du couple, que les très rares contacts avec leur père et frère leur permettent d’imaginer.

« Rien ne peut aujourd’hui nous laisser espérer que ses conditions physiques et psychologiques vont s’améliorer », déplorent la fille et la sœur de Jacques Paris, otage retenu en Iran depuis le 7 mai 2022
Le Nantais jacques Paris a été arrêté avec sa compagne Cécile Kohler le 7mai 2022 au terme d’un voyage touristique en Iran. Accusé d’espionnage, le couple est depuis, détenu dans la prison d’Evin, à Téhéran. « Dans une situation d’urgence vitale », témoignent la fille et la sœur – qui préfèrent garder l’anonymat – de l’ancien professeur de mathématiques du lycée Clemenceau, à Nantes, âgé de 72 ans.
De l’espoir au désespoir
« Le dernier appel de Jacques date du 5 mars. Un appel WhatsApp en visio très rapprochée, toujours sous surveillance, pendant lequel on n’a ni le temps ni la liberté de discuter librement. On a vu son visage creusé, marqué, cerné. Jusqu’ici, il a tenu. Il a dû vouloir nous protéger. Maintenant, il passe de l’espoir au désespoir. Pour qu’il nous le dise, c’est que c’est devenu psychologiquement très dur. Ces rares appels, un par mois dans le meilleur des cas, on les prend comme des signes de vie. Entre avril et juillet 2024, il n’y en a pas eu. Ça a été une source d’angoisse extrême. »

Jacques Paris, ancien professeur de mathématiques au lycée Clemenceau, est détenu depuis le 7 mai 2022, avec sa compagne Cécile Kohler.
Huit livres en trois ans
« Jacques est détenu dans une cellule de quelques mètres carrés. Sans lit ni chaise ni table, avec de la lumière artificielle 24 heures sur 24. Il a droit à trois sorties de vingt minutes par semaine, dans une petite cour. Depuis janvier, on ne sait pourquoi, il n’a plus la télé. Des dizaines de livres ont été envoyés à l’ambassade de France à Téhéran, qui les a transmis à la prison ; quelques-uns seulement sont arrivés. Huit livres en trois ans, dont un pavé de mille pages qu’il a lu cinq fois. Jacques est un grand lecteur et, même de cela, il est privé. On lui a envoyé une méthode pour apprendre le perse, elle ne lui est jamais parvenue. Tout est fait pour qu’il soit coupé du monde, isolé à l’extrême. Pourquoi est-il traité de cette façon ? On ne sait pas. »
Trois visites de l’ambassadeur
« L’ambassadeur de France en Iran ne cesse de demander à rencontrer Jacques. Depuis son arrestation, il n’a pu le voir que trois fois : dix minutes six mois après son arrestation, vingt minutes en 2023. La dernière visite consulaire date du 18 février 2024, vingt minutes également. Les avocats iraniens mandatés n’ont jamais eu accès au dossier. Le 25 décembre, Jacques nous a dit qu’il y avait eu un procès, qu’un verdict doit tomber. On le craint, ce verdict. On l’a vu dans le cas de l’humanitaire belge Olivier Vandecasteele (libéré en mai 2023), les condamnations peuvent se compter en dizaines d’années de prison. »

Lors du dernier rassemblement à Nantes, à l’occasion des mille jours de détention de Jacques Paris et sa compagne Cécile Kohler. | OUEST-FRANCEVoir en plein écran
Qu’est-ce qui est efficace ?
« Jacques est allé en Iran à plusieurs reprises et souhaitait faire découvrir à sa compagne ce pays magnifique et son peuple accueillant. Les gens ne sont pas assez conscients du danger, mais ça n’arrive pas qu’aux autres. Il ne faut pas aller en Iran ! Communiquer sur les otages doit au moins servir à cela. Qu’est-ce qui peut être efficace pour parvenir à leur libération ? Nous avons besoin d’être rassurés par l’ouverture de vraies discussions diplomatiques. Pour l’instant, on ne l’est pas. »
Savoir ce qu’il vit
« Notre vie est en suspens. Plus ça va, moins on vit. Le matin, on se demande comment Jacques va passer cette journée. C’est comme si nous, sa famille, on était tous là-bas, du matin au soir, et même la nuit. Le Centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères est à notre écoute, c’est notre point d’ancrage. Les anciens otages Benjamin Brière, Bernard Phelan et Louis Arnaud, sont très actifs pour témoigner et penser à ceux qui sont toujours là-bas. Les rassemblements, la pétition (près de 54 000 signatures) ont fait chaud au cœur de Jacques et Cécile. Maintenant, il y a urgence. On aimerait ne pas avoir à se réunir pour les trois ans de leur arrestation, le 7 mai 2025. »
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